Petites notes biographiques non exhaustives...

 

    Jean Morette est né à Valensart (Jamoigne) sur les bords de la Semois le 10 juillet 1936. Son père Gustave Morette né en 1904 était aiguilleur aux Chemins de fer, sa mère Jeanne Humbert née en 1904 était originaire des Ardennes Françaises (Haraucourt). Dès 1937 la famille et ses deux enfants (Paulette née en 1927 et Jean) s’installent à Saint-Mard (Virton) dans le sud de la province du Luxembourg.

 

     En 1940, c’est l’exode en France dans le Lot puis le retour en Gaume sous l’occupation. Vivre durant la guerre n’etait pas chose facile, heureusement les parents s’activaient au jardin et à la maison pour subvenir aux besoins de la famille. Ils cultivaient les pommes de terre aux champs, moulaient le blé glané, élevaient des cochons. A la maison, on filait la laine, on fabriquait du savon, des vêtements avec la machine à coudre Singer, des paniers en éclisses de noisetier, des chaussures. Tous les soirs, la cuisine se transformait en atelier où chacun  s’affairait en écoutant le Passe-temps des dames et des demoiselles sur Radio Luxembourg avec comme générique musical quelques notes de la Petite musique de nuit de Mozart. C’était la plus belle école pour affronter la vie.

 

     Jean Morette va fréquenter l’ Ecole Primaire Libre de Saint-Mard jusqu’en1948. L’enseignement y était assez sévère mais efficace. La religion envahit alors son univers, il devient enfant de chœur, fréquente assidûment le catéchisme. Sa vie se confondra désormais avec les messes quotidiennes, la prière, la communion, son ange gardien mais aussi le diable, le péché mortel et heureusement la confession.

 

    En 1948 il entre à l’Athénée Royal de Virton. Là aussi la discipline est assez stricte mais les cours de dessin (Ernest Bernardy et Jean Lejour) et de français (Georges Bouillon) lui font découvrir le monde de l’art et de la littérature. Il consacre son argent de poche aux livres de la Pléiade et à la collection « Le goût de notre temps » éditée chez Skira où il découvre les maîtres de l’Impressionnisme, du Fauvisme, du Cubisme. C’est l’époque de son premier atelier dans le grenier de la maison familiale et de ses premières peintures à l’huile exécutées en plein air que Jean Lejour qualifiait à juste titre de « magnifique plat d’épinards ».

 

      En 1954, c’est la grande rupture. L’art  va faire partie intégrante de la vie de Jean Morette et il décide de devenir professeur de dessin comme Ernest Bernardy et Jean Lejour dont il admire les œuvres. Il va alors s’inscrire à l’Académie de Mons avec comme professeurs Gustave Camus, Edmond Dubrunfaut, André Hupet, Jules Vanpaemel et à l’Ecole Normale de l’Etat pour la partie pédagogique où il a la chance de rencontrer Arsène Detry  grand peintre et grand professeur. C’est lui qui va l’initier à la peinture à l’huile, à l’harmonie des couleurs, à la beauté des matières, à la rigueur de la composition.

A Mons, la vie culturelle est intense et Jean Morette découvre  les concerts de musique classique et de jazz, visite les Musées, les Galeries d’art, les Salons. C’est l’émerveillement et désormais il va se consacrer au monde de la création.

 

      Jean Morette, son diplôme en poche va être désigné comme professeur à l’Ecole Normale de Couvin en 1957. L’année suivante, à l’occasion d’une formation accélérée d’instituteurs il rencontre Oscar Gits qui lui fait découvrir toute une série de technique. Cela va lui donner le goût de la recherche et l’utilisation des matériaux les plus divers. Ses peintures ont pour thème des paysages industriels, des carrières traitées dans un style très rigide et géométrique. Il participe à sa première exposition collective à Couvin en 1963.

 

     C’est dans vers 1965 qu’il s’intéresse à la sculpture. D’abord en réalisant des modelages en terre qui seront coulés en plomb puis des figurations taillées dans des pièces de chêne.

 

     En 1970, Jean Morette récupère une série de pièces de voitures chez son garagiste. Depuis les cubistes,  les sculpteurs sont nombreux à utiliser des matériaux de récupération. Il tente des assemblages par collage mais c’est un échec.  Par chance son voisin pratique le soudage et va lui donner les rudiments de cette technique  idéale pour travailler le fer. Il va donc  réaliser ses premières grandes compositions métalliques non figuratives. Madame Remy (Usine de l’Eau Noire) l’encourage et lui donne accès aux ateliers où il trouve conseils et déchets métalliques en quantité illimitée. C’est aussi l’époque où il réalise à l’usine des sculptures en fonte, celle-ci étant coulée directement dans des moules contenant des modèles en polystyrène.

 

     En 1975 naissance des céphalocrates, étranges amalgame entre des fonds de réservoirs d’eau chaude et de cardans de jeep. Bestiaire imaginaire, ils ne cessent de se reproduire et envahissent le jardin d’ Omezée.

 

      La région de Couvin a beaucoup de charme et la beauté de ses villages ne laisse pas Jean Morette indifférent. Comme il dessine d’après nature, la craie grasse est le matériau idéal car très résistant et ne nécessitant pas de séchage. Pour ne pas trop enjoliver son sujet il limite volontairement son temps de travail. C’est à cette époque qu’il rencontre Bonaventure Fieullien, peintre-graveur de grand talent qui organisait chaque année une exposition d’art dans le village de Regniowez à la frontière française.

 

     C’est au début des années 80 que Jean Morette commence une série de peintures à l’huile avec comme thème la confrontation de l’homme avec son milieu et ses relations avec ses congénères. Il adopte une technique particulière qui consiste à estamper avec une pointe le support (Canson) ce qui détermine un graphisme qui conservera la couleur de la couche sur laquelle il a été pratiqué. Si par exemple on estampe un fond bleu et que par la suite on recouvre ce fond d’une couche noire, le graphisme estampé apparaîtra en bleu. Ce graphisme a donc toujours la couleur de la sous-couche et par étapes successives on peut obtenir des graphismes de différentes couleurs.

 

     C’est vers 1981 qu’apparaît dans l’œuvre de Jean Morette un personnage  qu’il a repris dans un magazine, personnage qui va se cloner sans fin et envahir les peintures où il est mis en scène. Parfait quidam, il va symboliser l’être humain figé dans une situation dont il n’est pas le maître.

 

     En 1992 sa carrière d’enseignant se termine, il va donc se consacrer uniquement à la peinture et à la sculpture et aménage ses ateliers dans le petit village d’Omezée (Philippeville) ainsi qu’une exposition permanente de ses sculptures dans le jardin. Reprenant toutes ses recherches antérieures il s’oriente alors vers une peinture plus sobre et une sculpture aux dimensions plus importantes. En 2000 une exposition de ses œuvres est organisée au Centre Culturel Action-Sud à Viroinval et il réalise une série de sculptures monumentales le long de la Semoy française. Il s’engage en outre dans la vie culturelle de sa région en collaborant notamment avec le Musée du Petit Format établi à Nismes.

 

     Eternel chercheur, il élabore son travail dans un va et vient constant entre un lyrisme contenu et une rigueur pesante. C’est ce qui explique l’apparente diversité dans ce qu’il produit mais il y a un élément unificateur dans toutes ses démarches : il cherche toujours à comprendre  notre monde.